Invictus : "sympa" mais franchement surcôté...

Je ne vais pas revenir sur l'histoire de l'Afrique du Sud, l'Apartheid, l'élection de Mandela ou encore la victoire des Boks lors de cette Coupe du Monde de Rugby en 1995. Ca, ce sont des faits historiques. Je vais me concentrer sur le film et vous dire en quoi le film est surcôté. Primo, il est naturellement surcôté parce qu'il a été réalisé par Clint Eastwood et que ce nom agit dans notre subconscient. Personnellement, je pense qu'on aurait pu remplacer le nom d'Eastwood par celui de n'importe quel réalisateur n'ayant pas deux bras cassés et on aurait eu le même film sur pellicule. Ce même film réalisé par un réalisateur moins connu aurait été accueilli différemment. Ne faites pas preuve de mauvaise foi, vous savez que j'ai raison :-)

Deuxio, le véritable problème d'Invictus, c'est qu'il est d'une incroyable consensualité. Hormis les scènes de sport (on reviendra là dessus) et le dénouement, naturellement émotifs puisque le sport a ce pouvoir incroyable, je n'ai vraiment pas "vibré" ni été "secoué" par quoique ce soit. Cet avis n'engage que moi, mais pour moi le Rugby aurait du prendre une part "moins" importante à l'écran (la dernière demie heure ce n'est que ça) et Clint aurait du se focaliser sur François Pienaar, qui s'est quand même bougé pour que ses coéquipiers chantent l'hymne sud-africain, pour qu'ils aillent dans les town-ships et surtout sur Mandela qui excusez moi du peu se contente dans 90% des scènes du film de prêcher la bonne parole et de sourire. Certes, Morgan Freeman le fait bien et est crédible, mais j'avais un peu l'impression de voir la même scène à l'infini dans laquelle Mandela disait à un ou plusieurs noirs sud-africains de pardonner aux méchants blancs. Je caricature mais c'est à peu près ca.

Enfin, les scènes de sport (et là je parle pour les fans de sport), même si le message du film est la tolérance et le respect de l'autre, c'était juste n'importe quoi. Si Eastwood avait mis 10 minutes de Rugby à l'écran, personnellement je m'en serais cogné la pastèque. Mais là, on frise la demie heure. Une demie heure pleine de n'importe quoi, avec notamment des engagements tirés à ras de terre et des ballons qui rebondissent 656 fois avant de franchir 10 mètres. Ceux qui n'y connaissent rien s'en foutent, mais je suis à peu près persuadé que Bernard Laporte s'est auto-empalé sur un érable par les yeux après avoir vu ça.

Bref, au final Invictus est un film qui reste beaucoup trop en surface. Le film est réalisé sobrement mais ne casse pas 3 pattes à un canard. Heureusement, le thème fort, le nom d'Eastwood et le final à la Hollywood avec les violons et les cris de la foule tirent l'ensemble vers le haut. Voilà, vous pouvez me menacer de mort pour avoir osé dire que ce Eastwood est moyen mais vous savez tous autant que vous êtes qu'on est à 100 000 lieues d'un Gran Torino ou d'un Million Dollar Baby. Je m'attendais vraiment à mieux que ça et je pense que le potentiel du film, historique et humain, n'a pas été exploité comme il aurait pu l'être. "Dommage".