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De l'obligation morale d'être moins généreux...

493392943.jpgIl fut un temps, je donnais TRES souvent un peu de monnaie aux mendiants qui faisaient la manche. Ceux qui me sautaient dessus, il avaient presque toujours droit à une pièce. Quand j'avais vraiment pitié et quand on me prenait par les sentiments, j'arrivais même à donner 1€ en une seule fois (surtout quand on me regardait dans les yeux). Stupide que je suis. Je ne sais pas combien j'ai pu donner au fil des années, mais je pense que j'ai du atteindre un nombre à trois chiffres. Oui, ca me fait flipper quand j'y repense. Surtout quand je sais que la plupart de cet argent a servi à acheter davantage d'alcool que de nourriture. Pourquoi je donnais autant ? Au delà du fait d'être généreux de nature (si si, "trop bon trop con" comme on dit), je pense qu'il y a toujours eu un sentiment de "culpabilité" en moi. Culpabilité "d'avoir" et de voir des gens dans la galère qui "n'ont pas". The "haves and the have-nots", dans la langue de Shakespeare.
 
Mais j'ai changé. Je donne toujours, mais beaucoup plus rarement. Je donne à ceux qui ne bronchent pas et à ceux qui n'ont pas l'air bourrés. Ce dernier point est important, car depuis que j'ai déménagé, j'ai été purement et simplement dégoûté par une bande de poivrots qui squatte dans les alentours de mon immeuble, voire devant ma porte d'entrée. En même temps, je peux comprendre le pourquoi du comment : il y a plein de commerces et de distributeurs bancaires à proximité! Cette bande de poivrots vous "harponne" littéralement à coup de regards livides et de voix vacillantes, limite "aggressives". A 9 heures du matin, ils ont déja des bières à la main, ainsi que des bouteilles de rouge. Alors je sais bien qu'il est impossible de refaire le monde et d'imaginer ce que ces personnes ont enduré pour en arriver là (et que picoler "tue" mais aide paradoxalement à "survivre"), mais je crois que ces mendiants m'ont rendu service. Ils m'ont appris à faire la part des choses et à donner quand je "sens" que ca en vaut vraiment la peine. Très subjectif comme critère, je sais.

14 commentaires Lien permanent Catégories : Messages persos

Commentaires

  • Quand j'étais au lycée j'allais manger dans un parc avec des amis et j'achetais presque tjrs un sandwich pour un SDF qui y était souvent, ça me faisait plaisir de lui offrir à manger car en plus il ne m'avait jamais rien demandé. Et ça me foutait les boules de me goinfrer devant lui tous les midis! Comme toi, je donne parfois de l'argent, mais ça dépend des têtes! ;-)

  • moi je donne plus facilement un ticket resto ou comme Yannick, je m'arrete à un point chaud pour acheter un sandwich ou autre ...

  • Sur Paris, les occasions de se sentir mal sont légion. A chaque coin de rue (ou presque), un SdF, un miséreux. Dans le métro, des musiciens ou autres ...
    Dans la rue, je donne rarement. Dans le métro, idem.
    En fait, pour donner, il faut vraiment que je sois touché, c'est ma condition. Les musiciens ont donc plus de chance pour ça ... Quel "bonheur" parfois dans le métro ou dans la rue d'entendre de jolies mélodies. Dans ce cas, 1 ou 2€, pas plus, pas moins. Là aussi, c'est un critère complètement discriminatoire.

    En fait, je ne pense pas que l'on puisse juger ces gens, ou que l'on puisse juger ceux qui donnent ou ne donnent pas.
    Chacun vit avec un peu de culpabilité ... celle de celui dans le besoin, obligé de recourir à la mendicité, culpabilité de celui qui donne ou ne donne pas, tiraillé par les deux penchants de l'humanité : bonté et égoïsme primaire. On retrouve d'ailleurs très bien ces paradoxes dans la morale judéo-chrétienne ... mais chut, je vais me faire taper.

    Je sais qu'il existe des gens qui ne sont pas "retournés" par la vision d'un petit vieux de 80 ans tout rabougri à la sortie de la porte du jour, aux Halles. Moi, ça me fait mal. Pas mal pour lui, ni pour moi. Mais pour nous, pour cette société dont nous faisons partie et qui, bien qu'elle se dise évoluée, a oublié en chemin une bonne part de ses bonnes volontés.

  • Ah oui ça c'est bien dur de ne pas donner et de donner en même temps.

    Finalement là où je ne suis pas totalement en accord avec tes propos, c'est lorsque tu dis que tu donnes par culpabilité d'avoir, moi je dirais qu'en plus il y a le transfert : tu t'imagines dans cette situation et tu te dis que merde 50cents c'est rien pour toi et même si c'est rien pour lui c'est toujours mieux que rien !

    Je fais aussi partie de ces gens sélectifs ... je raisonne connement, mais l'argent ça se mérite. Et par exemple ceux du métro, j'ai toujours du mal à les ignorer et pourtant je me fais violence pour ne rien donner.

    Dans ma rue, il y a un mendiant toujours dans les mêmes coins (devant la boulangerie), et la dernière fois il est sorti de boulangerie et un croissant et une bouteille d'eau à la main. Ca m'a redonné espoir en lui et je lui ai donné une petite pièce et surtout un grand sourire.

    Ma mère avait l'habitude de donner de la nourriture aux mendiants dans la rue, surtout quand on allait faire les courses hebdomadaires, elle donnait une baguette et quelques yahourt ou gateaux. Ces choses, mine de rien, étaient toujours acceptées à coeur ouvert.

    Le soucis de l'argent quand on le donne c'est qu'il sert à tout : acheter de la bouffe, de l'alcool, des drogues, ou un cadeau pour ses enfants ! Du coup il est plus difficile vraiment de donner de l'argent... à mon sens ! ^^

  • je donne quasiment jamais. parce que je le "sens" rarement...

    et puis, ce qui a vachement changé ma manière de penser, qui m'a fait sortir du principe "oh le pauvre, j'vais lui donner unre p'tite pièce", c'est, qu'étudiant, j'ai bossé pour une petite agence intérim (hardcore) de déménagements. genre, il fallait se pointer à 6h du mat' pour avoir une mission, être sur le chantier à 8h (n'importe où dans Paris et sa banlieue), bosser jusqu'à 17h et venir chercher sa fiche de paie de la journée et son fric (en liquide) le soir à l'agence. salaire : entre 60 et 75E, donc.

    la plupart des mecs qui bossaient là (j'étais une des rares exceptions) étaient SDF, présents TOUS LES JOURS, et ils se défonçaient, sachant que ne pas venir = rien pour bouffer et se payer la nuit d'hôtel. et de toutes les conversations que j'ai pu avoir ressortait le fait que mendier était la dernière extremité et que ce n'était qu'à force de volonté qu'on pouvait "survivre" dans ces situations difficiles.

    que c'est possible.

    je juge pas ceux qui sont dans la merde. je connais pas les passifs, les histoires de chacun. juste que ça m'atteint pas, ça me fait pas de la peine. parce que j'ai vu des mecs qui s'en sortaient et qui refusaient de compter sur la pitié des gens pour ça.

    mais de très rares fois, je donne quand même. des TR, rien d'autre.

  • En traversant l'hyper centre de Strasbourg, une marche de 20 minutes à tout casser, c'est entre 2 et 5 sollicitations directes que tu dois rejeter. Interrompre quelqu'un pour lui demander de l'argent, je trouve ça un peu violent, j'ai pas envie d'avoir à dire non à quelqu'un, j'ai pas envie qu'on me coupe dans ce que je suis en train de faire. A ces gens là qui te sautent dessus et qui ont souvent même le culot d'insister, je ne donnerai jamais un centime, ça ne ferait qu'encourager la pratique.

    LudoFJ le dit bien, il y a des solutions, surtout que le profil du SDF a changé. Aujourd'hui, le petit vieux rabougri a laissé la place au faux hippie alcoolisé de 20-35 ans. Ces mecs là sont tout à fait en état de travailler, je ne le ferai pas à leur place.

    Je n'incite aucunement au travail, chacun est libre de choisir la vie qu'il veut (moi même si je pouvais choisir de ne pas travailler, je ne travaillerais pas, je consacrerais ma vie à mes passions) mais ce n'est pas à nous d'assumer, avec notre culpabilité ou nos Euros, leur choix de dessocialisation. Qu'ils aillent se faire foutre. Carrément.

    Le type qui ne fait chier personne, celui qui ne pisse pas contre immeuble, celui qui n'éclate pas ses bouteilles de vin sur le sol quand elles sont vides, celui qui ne gueule pas contre des êtres imaginaires à 4 heures du matin, celui-là oui, il m'est arrivé de déposer la monnaie que j'avais dans ma poche dans son gobelet.

    Y'a rien de noble à vouloir absolument aider son prochain, rien de répréhensible à n'en avoir rien à faire, quoi qu'en disent les livres saints. ;-)

  • Moi, je donne quand je le sens bien et quand j'ai de quoi sur moi, surtout avec le sourire, jeune ou vieux, ça m'est égal, et un mot sympa par dessus le marché, car qui peut dire qu'il ne sera jamais dans ce cas ?...

  • Je suis mal à l'aise de ne pas donner (syndrome de l'éducation européano-judéo-chrétienne), mais je refuse de les aider à se détruire en donnant de l'argent qu'ils boiront. Alors j'essaye de toujours donner un sandwich ou de quoi manger, mais plusieurs fois on a refusé. Ca aide à relativiser la phrase "z'auriez pas 1€ pour manger"

  • je donne souvent, mais pas a tout le monde; le type qui m'agresse dans la rue, le vendeur de carte immonde et cher qui saute sur toutes les filles qui passent et te traite de sale égoïste quand t'as 14 ans et que tu lui expliques que non, tu ne peux pas lui acheter sa reproduction du lac de paladru à 50 francs ( a l'epoque c'etait des francs!) et qui aujourd'hui me traite de sarkozyste ( ahahah ca je rigole!) parce que je me dérobe à chaque fois qu'il essaye de m'abborder je lui donne rien.
    J'ai aussi la démarche d'acheter les journaux, comme Macadam en france ( dont je glorifie le retour!) ou Big issue en gde bretagne. je donne de la bouffe aussi, le soir ou la caissiere du monop a oublié de compter mes 2 plaquettes de chocolat et qu'il faisait froid et que des jeunes de mon ^^age m'ont demandé de l'argent, j'ai dis que j'avais du chocolat. Et je file des sandwich d'un truc style brioche dorée ou une amie travaille.

    A lyon en ce moment, c'est la recrudessence ( je sais pas écrire ce mot, voyons ce que diras le correcteur!) des femmes voilées, enfin total look à genoux, avec une pancarte écrite en arabe, l'une d'elle est là avec une petite fille de 2 ans voilée elle aussi... c'est plus fort que moi, je ne peux pas lui donner ne serait ce qu'un centime, et j'ai envie de pleurer quand je la vois...

    en tous cas c'est clair et net, je ne serais jamais de ceux qui ne donnent pas sous pretexte que " s'ils le voulaient vraiment ils ne seraient pas là"! Il y a sans doute des gens qui quittent tout par choix, et décident de vivre dans la rue mais soyons clair, c'est une infinie minorité!

  • Ca fait quoi de se sentir le démiurge des désoeuvrés ? Toi ok, tu mérites 1€. Toi non, je le "sens" pas, tu peux donc aller te faire foutre. Osmany, et tous les commentateurs au-dessus si je comprends bien, vous êtes investis du pouvoir de juger ces pauvres clodos qui n'attendent certainement qu'une chose, c'est de crever ?

    Je déteste cette attitude qui consiste à donner la pièce pour manger, mais malheur au clochard s'il la boit ! Il y a quelques années, à clermond-ferrand, là où j'allais faire mon marché quotidien, il y avait toujours la même bande de clodos. Malodorants, vulgaires, des clodos quoi. L'un d'eux m'a apostrophé, c'était son anniversaire. Sur le ton de la plaisanterie, je lui ai demandé de me le prouver. Il me sort une vieille pièce d'identité irlandaise, le mec s'appelle duncan macleod. Ca me troue le cul, et il se trouve que c'est effectivement son anniversaire. Pour fêter ça, je suis allé acheter un paquet de camels (qu'on a fumé ensemble) et une bouteille de mauvais blanc (qu'on n'a pas bu ensemble, rapport aux maladies, je suis pas fou non plus). Il était juste heureux, le temps d'une heure. Ben ouais, j'aurais pu lui acheter un sandwich et avoir la conscience tranquille, mais les clodos m'ont expliqué qu'à force de picoler, ils n'arrivent plus à bouffer, sinon ça les fait gerber. Et pourquoi vous picolez autant alors ? Ben ça a été insidieux, j'ai perdu mon job en irlande, je me suis fait foutre dehors, je ne savais pas où aller, j'ai trainé de pont en foyer, dans toute l'europe, je n'avais aucun espoir de réinsertion, et là c'est trop tard, j'ai 50 balais et ma vie est foutue.

    Quand le mec t'explique tout ça posément, sans faire dans le pathos, tu remballes juste ta morale à deux balles et tu te dis que si le pauvre mec, tout ce qui lui reste, c'est picoler en attendant de crever, qui tu es pour te permettre de le juger là-dessus ?

    Désolé pour le ton agressif.

  • Ah oui j'oubliais mon conseil sur ce coup : la prochaine fois, au lieu de le juger, posez-vous 10mn à côté de lui, et discutez, s'il est en état. Il pue, mais vous vous en remettrez, et il ne vous mordra pas, normalement. Vous pouvez parfaitement tomber sur un gros con abruti, mais vous pouvez aussi tomber sur un mec qui va juste vous expliquer pourquoi il est là, et pourquoi sa seule activité possible dans sa vie de merde, c'est picoler.

    Sérieux, faites-le.

  • Ton expérience est très intéressante cher Elienai. Mais mon avis sur la chose est beaucoup plus subjectif que ca en a l'air. Je ne hais pas ces gens. Là dans ma note, je parle d'une bande précise de poivrots pour finir sur une généralité : je "donne moins". Je ne juge personne. Je comprends qu'ils picolent, MAIS je ne souhaite pas les y aider. C'est aussi simple que ça.

    Tu l'as fait pour un poivrot (t'arreter et discuter). Mais des mendiants j'en croise tous les jours. Pourquoi l'un et pas l'autre ? A cause d'un ressenti. Il y en a qui m'inspirent de la sympathie, d'autres pas. Qui je suis pour juger? Je suis MOI. C'est aussi simple que ça. C'est exactement le même principe dans une soirée de bourges ou tu croises un connard prétentieux avec qui tu sais que tu ne parleras pas. C'est un "ressenti" et ca ne s'explique pas.

  • Sur le point du feeling du clodo qui inspire la sympathie, je suis parfaitement d'accord. Dans les faits il est très rare que je donne un truc à un clodo, et quand je le fais c'est évidemment parfaitement subjectif. Moi non plus je ne supporte pas les bonnes femmes agenouillées avec l'air d'un chien battu et leur gamine de deux ans posée à côté.

    Mais si tu m'as bien suivi, c'est sur le point précis de la bouffe et de la picole que ça m'énerve. Et je persiste : si tu te dis que tel clodo mérite 1€ parce qu'il va s'acheter à bouffer avec, l'autre ne le mérites pas parce qu'il va le boire, tu le juges, tu te fais l'arbitre de son propre libre arbitre. J'utilise un "tu" général, mes propos se dirigent plus vers tes commentateurs que vers toi, tu n'évoques pas cet argument merdique de "manger c'est bien et boire c'est mal".

    Pour finir (après je dois vite partir pour aller jouer ma vie sur un concours de la fonction publique de merde), je ne fais pas dans le misérabilisme pro-clodo, je ne suis pas assez con pour dire "allez-y discutez avec les clochards vous verrez c'est fantastique ce sont des personnes tellement formidables". Juste, tomber sur la bonne personne qui t'expliquera vraiment sa condition, ça change radicalement la vision que tu en as.

  • Je ne donne jamais d'argent aux mendiants. Pour une raison simple : j'ai moi même été dans une situation de SDF et je n'ai jamais mendié. Au contraire, je me suis pris en main et j'ai profité de l'aide proposée par les divers services sociaux, ou encore de mes proches, pour remonter à la surface et agir pour retrouver dignité et vie plus ou moins normale.

    Certes, chacun d'entre nous peut se retrouver un jour dans une situation de détresse, peut-être même à la rue, mais il existe aussi des organismes, administrations et de particuliers qui, au lieu d'avoir pitié, aident les personnes qui en ont besoin et qui veulent s'en sortir à se sortir d'un mauvais pas. A chacun de prendre ses responsabilités et au lieu de jouer les victimes, agir en acteur pleinement responsable de sa vie.

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